Cet artiste, tout aussi collectionné que critiqué par les plus grands de son vivant, se distingue par un style qui lui est propre: traits et signature noirs, palette résolument sombre, compositions géométriques, thématiques en série. Il consacre une grande partie de sa carrière à l'œuvre gravé et travaille en particulier les difficiles techniques de la pointe sèche ou de la lithographie s’inscrivant dans la lignée du grand Albrecht Dürer.
Malgré le grand bouleversement qu’apporte la photographie dans la représentation du réel, Buffet aborde ses paysages comme des “Vedute”, ces représentations italiennes qui faisaient fureur au 18ème siècle et qui faisaient office de cartes postales de l’époque.
Bernard Buffet, "Le Campanile et le Palais des Doges"
La lithographie “Venise, Le Campanile et le Palais des Doges” nous rappelle d’ailleurs les vues de Canalleto ou de Guardi tout en faisant échos aux représentations de la Renaissance des “Cités idéales” faisant preuve d’une bonne maîtrise de la perspective.
Avec ses rues de New York, Bernard Buffet rappelle toute l’attraction que suscitait cette nouvelle capitale de l’art au lendemain de la seconde guerre mondiale et ses buildings plus hauts que le ciel, ses rues géométriques et ce sentiment d’infini. Architecture quadrillée, paysage vide de tout personnage, inlassable trait noir plus ou moins épais: c’est l’art du paysage silencieux qui en dit long. A un tel point qu’il fut acclamé par Andy Warhol même.
Mais Bernard Buffet c’est aussi Paris, où il est né et où il a vécu, c’est la Normandie où il acquiert le manoir de Saint-Crespin, c’est le Sud de la France et sa maison de la Baume dans laquelle il finira ses jours. C’est un peu de couleur à la Cézane ou Pissaro: un peu de bleu pour ce ciel si clément, un peu de douceur pour cette France qu’il chérit.